Marc Tomsin : 1950-2021

Marc Tomsin rue des cascades

Un ami qui disparaît trop tôt

C’est en Grèce, son pays d’adoption depuis quelques années, plus précisément en Crète où il apportait son soutien à la fête de réoccupation du squat anarchiste Rosa Nera à La Canée, que notre ami Marc Tomsin est décédé accidentellement le 8 juin 2021.

Marc avait créé en 2007 les éditions Rue des Cascades. Jusqu’en 2020 il a publié 19 titres. Il s’intéressait au Mexique (les régions du Chiapas et d’Oaxaca), à la littérature (Georg K. Glaser, Malcolm Menzies, Raoul Vaneigem), à l’actualité de l’anarchisme (Tomás Ibañez), à l’Espagne (Freddy Gomez, Abel Paz). Le dernier livre qu’il a édité était le premier volume des mémoires d’Abel Paz (Diego Camacho). Il était venu le présenter au CIRA le 3 octobre 2020, entre deux périodes de confinement. (enregistrement de la causerie ici)

Nous l’avions reçu au CIRA à deux autres reprises : le 5 février 2005, il avait parlé du Chiapas (enregistrement de la causerie ici) et le 5 décembre 2009, aux côtés de Claudio Albertani, il avait évoqué la situation du mouvement libertaire mexicain. (enregistrement de la causerie ici)

Marc apportait un soin particulier à son « look » : ses sacs, accessoires et vêtements en cuir, ses bijoux en argent (africains, chinois …), son dessus du crâne rasé et ses longs cheveux à l’arrière.

Nous nous sommes rencontrés et avons sympathisé lors de nombreux salons du livre anarchiste où il présentait ses bouquins. Marc était un copain fidèle (adhérent au CIRA depuis plus de dix ans), extrêmement gentil et attachant, toujours souriant et chaleureux. Nous avons passé quelques bonnes soirées aux discussions animées et passionnantes… autour de quelques verres de vin rouge !!!

On peut signaler qu’il est né à Paris en 1950. Son père avait été militant anarchiste. Il a été influencé par le mouvement Provo d’Amsterdam en 1966 puis par Mai 1968. Il a beaucoup vécu à l’étranger : Espagne, Grèce, Mexique… C’est en Espagne qu’il avait sympathisé avec Abel Paz. Avant Rue des Cascades, il avait fondé avec Angèle Soyeux la maison d’édition Ludd, y publiant de 1985 à 1998 une trentaine de titres (Karl Kraus, Oskar Panizza, Stig Dagerman, Octave Mirbeau, Raoul Vaneigem, Frank Wedekind…). Il a travaillé pendant une trentaine d’années comme correcteur dans l’imprimerie, l’édition puis la presse. Il animait un site Internet consacré aux luttes des peuples amérindiens La voie du jaguar.

Maryvonne Nicola, Felip Équy

On pourra lire une biographie assez fournie de Marc sur le site Le Maitron des anarchistes

Lire l’hommage du Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

Lire l’hommage de Claire Auzias sur Le Monde Libertaire

Nécrologie paru dans Le Monde du 14 juin

Dernière minute. Étant données les difficultés d’organisation du rapatriement du corps de Marc, celui-ci sera inhumé en Crète, ce qu’il aurait probablement souhaité de toute manière. Un hommage lui sera rendu à Paris début juillet.

Romain Bouteille : 1937-2021

Romain Bouteille

Décès de Romain Bouteille, cofondateur du Café de la Gare avec Coluche

« Ma vocation artistique s’est dessinée vers 1955 sous l’angle : trouver un job qui permette de se lever à n’importe quelle heure et ne suppose ni diplôme, ni réel travail, ni obéissance »,
Hérault du théâtre libertaire et anarchiste, il est l’auteur de plusieurs dizaines de pièces et des de sketchs qu’il a joués en troupe ou en solo. Romain Bouteille avait déclaré en 2005 que Le Café de la Gare était le « premier et dernier théâtre en anarchie réelle »,

Lire le texte, Gigue des petits morts de Romain Bouteille, sur le blog de Floréal.

Eugène Varlin : 1839-1871

Il y a 150 ans, le 28 mai 1871, Eugène Varlin militant socialiste et libertaire, membre de la Commune de Paris et de la Première Internationale était assassiné à la fin de la semaine sanglante par les Versaillais de Thiers.

« Tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais où tout regorge, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines »,

Eugène Varlin

Lire dans la revue Ballast, l’article : « Michèle Audin raconte Eugène Varlin »

Lire la présentation du livre de Michèle Audin sur le site de Libertalia : « Eugène Varlin ouvrier relieur 1839-1871 »

Lire la notice du Maitron

Nelson Mendez : 1952-2021

NelsonMendez

Venezuela: le compagnon Nelson Mendez est mort du Covid-19

Au petit matin de ce 5 mai 2021 pluvieux à Caracas, Nelson Mendez est décédé à l’âge de 68 ans. Propagandiste acrate infatigable, éditeur des publications Correo (A) et El Libertario, auteur de plusieurs livres et de dizaines d’articles d’opinion et de recherche. Nelson est décédé des suites de complications associées au Covid-19.

Nelson Méndez: (Caracas, 1952) était diplômé en sociologie et professeur à l’Université centrale du Venezuela (UCV). Lié depuis sa jeunesse au militantisme social et à l’anarchisme depuis 1980, il faisait partie depuis la fin des années 90 de la rédaction du journal El Libertario. Il a également été l’un des animateurs du Centre d’études sociales libertaires (CESL), qui a opéré à Sarría pendant plusieurs années. Son livre le plus récent est « Gastronomía y anarquismo. La utopía intensa de unir fogones, barricadas, placer y libertad » (2021). Il avait auparavant publié « Un país en su artificio. Itinerario histórico de la ingeniería y la tecnología en Venezuela » (2011) ; et co-auteur avec Alfredo Vallota : « Bitácora de la utopía. Anarquismo para el siglo XXI« .

Ses camarades de El Libertario veulent, par ces lignes, lui rendre un hommage appuyé. Son exemple continue d’être une source d’inspiration pour nous et nous porterons toujours sa joie et sa gentillesse dans nos cœurs. Nos sincères paroles d’affection et de consolation vont à sa compagne Mina et à son fils Salvador.

source : https://periodicoellibertario.blogspot.com/2021/05/venezuela-ha-fallecido-el-companero.html

RIP Christian Krähling : 1973-2020

AWI

« Peu importe la façon dont vous le regardez : A la fin, la révolution arrive ! »

Christian Krähling a joué un rôle central dans l’organisation des travailleurs de la société Amazon à Bad Hersfeld. Le 10 décembre 2020, le jour de son 47e anniversaire, il a été retrouvé mort dans son appartement.

Dans la tradition de Joe Hill

Il n’a pas seulement participé aux luttes à l’usine Amazon de Bad Hersfeld, il a également cherché et trouvé des contacts avec des travailleurs d’Amazon dans d’autres pays. Pour Krähling, il était clair que le succès contre un acteur mondial comme Amazon ne pouvait être obtenu qu’avec une solidarité transnationale. Il était un acteur important de l’alliance transnationale Amazon Workers International (AWI), qui s’est souvenu du travail de Krähling dans sa nécrologie :

"Lorsqu'il entendait parler de travailleurs* qui s'organisaient localement et avaient besoin de soutien, il sautait dans la voiture et se présentait. Si, par exemple, il entendait parler à temps d'une grève en France ou aux États-Unis, il écrivait une chanson en français ou en anglais la veille et l'envoyait. Ces paroles sincères, généralement humoristiques, souvent émouvantes, ne peuvent être effacées maintenant, elles ne peuvent être réduites au silence avec la mort du poète, trop tard ! Continuons à les diffuser, à les réciter, à les chanter !"

C’est également ainsi qu’est née la chanson « Ganz egal », dont le refrain est cité au début de cet article. Krähling s’inscrit donc dans la longue tradition des artistes de la classe ouvrière qui chantent avec leurs collègues sur ce qu’ils vivent, ce qui les dérange et ce contre quoi ils se battent souvent. Ces artistes de la classe ouvrière vivaient dangereusement, comme l’a montré le meurtre judiciaire de Joe Hill, le chanteur des Wooblies, aux États-Unis. Aujourd’hui, cette histoire ouvrière est souvent perçue comme quelque chose du passé qui n’a soi-disant rien à voir avec le monde du XXIe siècle. Cette solidarité prolétarienne s’explique donc aussi comme un épisode du passé. Mais la vie de Christian Krähling montre que cette solidarité ouvrière est plus importante que jamais dans le présent et l’avenir.

Une dernière salutation de Poznan

A Poznan, dans l’ouest de la Pologne, des travailleurs amazoniens ont dit au revoir à leur collègue de Bad Hersfeld avec des pancartes disant « RIP Christian ». Krähling Il s’est organisé dans l’usine Amazone de Bad Hersfeld avec le syndicat de service Verdi, mais a coopéré tout naturellement avec l’IP anarcho-syndicaliste, qui joue un rôle important dans l’usine Amazone de Poznan.

Source: https://direkteaktion.org/rip-christian-kraehling/. Contribution à l’image © Andreas Gangl