23-25 août 2021 – Les rencontres de l’anarchie – Merlieux 02000

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Après l’édition de l’année dernière riche en débats et joyeux moments, c’est de nouveau à Merlieux qu’aura lieu la quatrième édition des Rencontres de l’Anarchie.

Au programme : des partages d’idées et d’expériences, des débats, des projections, des visites…

Merci de nous faire savoir si vous comptez venir à l’adresse :
/ à l’étoile noire au 09 75 55 47 06 ou au Loup Noir au 03 23 80 17 09

Mardi 14 septembre 2021, à 17 heures 30 au CIRA, présentation de la langue

Espéranto LOGO

Les relations se multiplient et le Covid a accentué les échanges par Internet. Mais comment faciliter l’intercompréhension entre personnes de divers peuples et cultures ? Utiliser la langue de la nation dominante ? Non, merci. Alors, choisir une langue alternative, loin des systèmes, une langue facile à apprendre car régulière et sans exceptions qui permet le droit à l’égalité culturelle. Cette langue, l’espéranto, en 130 ans d’existence, a fait la preuve de ses capacités à ouvrir l’esprit sur l’ensemble du monde. Donc pour voyager de par le monde, rencontrer d’autres personnes de tous âges et de toutes professions, découvrir d’autres cultures, faites la démarche, apprenez l’espéranto. Et coup double : l’espéranto facilite l’apprentissage d’autres langues et donne l’envie d’en savoir plus sur les autres.

Esperanto

librairie Quilombo : exposition Otto Nückel

Destin - Otto Nückel

Jusqu’au 22 juillet, la librairie Quilombo (ouverture du mardi au samedi, de 13 à 20 heures), 23, rue Voltaire, Paris 11e, accueille une exposition consacrée à Destin (432 p., 23 euros, infos) d’Otto Nückel, réédité par les éditions Ici-bas.

Aux côtés de Frans Masereel et Lynd Ward, Otto Nückel compte parmi les auteurs classiques du roman graphique sans paroles, un genre créé dans les années 1920 qui doit autant au cinéma muet qu’à l’expressionnisme. Dans Destin, en plus de 200 gravures sur plomb, l’artiste déploie la destinée tragique d’une femme née dans la misère – dont rien ne parviendra à la délivrer. Avec cet ouvrage époustouflant de maîtrise graphique et narrative, Otto Nückel signe sans aucun doute son chef-d’œuvre.

Extrait de la préface

Destin est un livre sur les femmes. Destin est un livre sur la pauvreté. Destin, ce sont 200 gravures magnifiques accompagnées d’un nombre très limité de mots. Destin a paru pour la première fois en 1926, mais il n’a rien perdu de sa pertinence. Parce que Destin décrit une forme d’oppression persistante qui requiert aujourd’hui encore toute notre attention.

Cette histoire en images appartient à une tradition du XXe siècle, celle des romans sans paroles généralement exécutés en gravures sur bois, dont les plus connus sont peut-être Mon livre d’heures de Frans Masereel et God’s Man de Lynd Ward.

Ces récits graphiques racontent souvent la vie pleine et entière d’un personnage, du berceau jusqu’au tombeau. Les protagonistes sont des « héros de la classe ouvrière » qui naissent et s’éteignent dans l’indigence. D’autres récits mettent en scène une classe moyenne qui tire le diable par la queue, tandis que d’autres encore nous montrent par exemple la souffrance d’un simple soldat envoyé au front.

Les romans sans paroles appartenaient à un mouvement artistique animé par une conscience sociale. On y trouve les gravures de Käthe Kollwitz, les fresques de Diego Rivera ou encore les illustrations de George Grosz. Aux XIXe et XXe siècles, ces artistes ont opéré une rupture avec des siècles de peinture européenne, dans laquelle les rois et les reines, les dieux et les saints étaient au centre des représentations. Cette nouvelle forme d’art a fait du prolétariat son sujet principal. Ce courant artistique parlait du « peuple ».

Les romans sans paroles ont été une inspiration immense pour des artistes de la bande dessinée expérimentale des années 1980 comme moi, Peter Kuper, Eric Drooker, Paula Hewitt ou Sabrina Jones. Cette forme d’art narratif était à nos yeux politiquement engagée et aisément compréhensible. Elle représentait une alternative à l’abstraction académique que les critiques et les écoles soutenaient alors. Je crois que nous aimions aussi le noir et blanc tranché, l’exagération, l’impudence.

Mais les dessins de Nückel dans Destin n’ont ni l’immédiateté de Masereel ni la dramaturgie de Ward. C’est une œuvre tout en subtilité visuelle et en complexité narrative […].À une époque où les élites libérales semblent avoir perdu de vue les origines populaires des politiques progressistes, les dessins d’Otto Nückel servent de rappel et d’avertissement : le destin d’une grande majorité de gens est déterminé par la classe sociale dans laquelle elle naît !

Seth Tobocman

Marc Tomsin : 1950-2021

Marc Tomsin rue des cascades

Un ami qui disparaît trop tôt

C’est en Grèce, son pays d’adoption depuis quelques années, plus précisément en Crète où il apportait son soutien à la fête de réoccupation du squat anarchiste Rosa Nera à La Canée, que notre ami Marc Tomsin est décédé accidentellement le 8 juin 2021.

Marc avait créé en 2007 les éditions Rue des Cascades. Jusqu’en 2020 il a publié 19 titres. Il s’intéressait au Mexique (les régions du Chiapas et d’Oaxaca), à la littérature (Georg K. Glaser, Malcolm Menzies, Raoul Vaneigem), à l’actualité de l’anarchisme (Tomás Ibañez), à l’Espagne (Freddy Gomez, Abel Paz). Le dernier livre qu’il a édité était le premier volume des mémoires d’Abel Paz (Diego Camacho). Il était venu le présenter au CIRA le 3 octobre 2020, entre deux périodes de confinement. (enregistrement de la causerie ici)

Nous l’avions reçu au CIRA à deux autres reprises : le 5 février 2005, il avait parlé du Chiapas (enregistrement de la causerie ici) et le 5 décembre 2009, aux côtés de Claudio Albertani, il avait évoqué la situation du mouvement libertaire mexicain. (enregistrement de la causerie ici)

Marc apportait un soin particulier à son « look » : ses sacs, accessoires et vêtements en cuir, ses bijoux en argent (africains, chinois …), son dessus du crâne rasé et ses longs cheveux à l’arrière.

Nous nous sommes rencontrés et avons sympathisé lors de nombreux salons du livre anarchiste où il présentait ses bouquins. Marc était un copain fidèle (adhérent au CIRA depuis plus de dix ans), extrêmement gentil et attachant, toujours souriant et chaleureux. Nous avons passé quelques bonnes soirées aux discussions animées et passionnantes… autour de quelques verres de vin rouge !!!

On peut signaler qu’il est né à Paris en 1950. Son père avait été militant anarchiste. Il a été influencé par le mouvement Provo d’Amsterdam en 1966 puis par Mai 1968. Il a beaucoup vécu à l’étranger : Espagne, Grèce, Mexique… C’est en Espagne qu’il avait sympathisé avec Abel Paz. Avant Rue des Cascades, il avait fondé avec Angèle Soyeux la maison d’édition Ludd, y publiant de 1985 à 1998 une trentaine de titres (Karl Kraus, Oskar Panizza, Stig Dagerman, Octave Mirbeau, Raoul Vaneigem, Frank Wedekind…). Il a travaillé pendant une trentaine d’années comme correcteur dans l’imprimerie, l’édition puis la presse. Il animait un site Internet consacré aux luttes des peuples amérindiens La voie du jaguar.

Maryvonne Nicola, Felip Équy

On pourra lire une biographie assez fournie de Marc sur le site Le Maitron des anarchistes

Lire l’hommage du Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte

Lire l’hommage de Claire Auzias sur Le Monde Libertaire

Nécrologie paru dans Le Monde du 14 juin

Dernière minute. Étant données les difficultés d’organisation du rapatriement du corps de Marc, celui-ci sera inhumé en Crète, ce qu’il aurait probablement souhaité de toute manière. Un hommage lui sera rendu à Paris début juillet.