L'anarchisme non-violent

Première partie :

Qu’est-ce que l’anarchisme non-violent ? Brève vue d’ensemble, au niveau global et européen, de l’histoire et de la présence de l’anarchisme non-violent. L’anarchisme non-violent a toujours existé au sein de la mouvance anarchiste dès ses débuts. La référence phare de la révolution non-violente revient aux écrits d’Étienne de la Boétie, notamment son Discours de la servitude volontaire, publié au milieu du 16ème siècle. Au niveau mondial les anarchistes non-violent-e-s s’organisent au sein de l’Internationale War Resisters Internationale (WIR/IRG; Internationale des Resistant-e-s à la Guerre) dès sa fondation en 1921. Le collectif Désobéissances libertaires, qui a publié les livres qui sont présentés ce soir, est un réseau informel au niveau européen. Suit donc un petit aperçu de la présence de l’anarchisme non-violent au niveau européen avant et après 1968 et 1989.

Deuxième partie :

Présentation du livre Antimilitaristes anarchistes non-violents, Barthélemy de Ligt (1883-1938) et Pierre Ramus (1882-1942), Atelier de Création libertaire, Lyon 2019

http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Antimilitaristes-anarchistes-non-violents.html

La tradition anarchiste-non-violente est notamment forte en Pays-Bas et en Autriche. Les militants-phare de ces deux traditions, Bart de Ligt et Pierre Ramus, sont très peu connus en France. Aux Pays-Bas, l’antimilitarisme anarchiste était représenté au sein du mouvement ouvrier du 19ème siècle par Ferdinand Domela Nieuwenhuis. Viennent dans les premieres décennies du 20ème siècle des militant-e-s et théoricien-ne-s comme Clara Wichmann, Henriette Roland-Holst, Arthur Lehing et Bart de Ligt. Bart de Ligt se libère de ses liens avec le socialisme-chrétien, se déclare comme anarcho-socialiste et fonde des groupes comme L’Association des intellectuels révolutionnaires ou L’Association des anarcho-socialistes. Il apporte notamment aux débats de son temps une critique anarchiste-non-violente de la guerre civile (en 1937). Pierre Ramus, de son côté, a milité au sein du mouvement prolétaire et anarchiste des États-Unis et brièvement à Londres avant la Première Guerre mondiale. Il est à l’origine de la plus grande organisation du mouvement anarchiste en Autriche après la révolution autrichienne de 1918 et au cours des années vingt, L’Union des socialistes anti-autoritaires. Dans sa conception anarchiste et non-violente, il oppose les moyens de lutte des ouvriers-ouvrières, au niveau socio-économique – le boycott, la grève générale, le sabotage – aux moyens violents au niveau politico-militaire.

Troisième partie :

Présentation du livre Une critique anarchiste de la justification de la violence, Atelier de Création libertaire, Lyon 2019

http://www.atelierdecreationlibertaire.com/Une-critique-anarchiste-de-la-justification-de-la-violence.html

En France, aux États-Unis et en Italie, au cours des dernières années, des militant-e-s au sein du Black Bloc comme Peter Gelderloos ou bien Alfredo Bonnano, et des jeunes insurrectionalistes, montrent une tendance à condamner farouchement des militant-e-s non-violent-e-s au lieu de chercher une reconnaissance mutuelle. Ils ignorent la présence anarchiste-non-violente au sein des mouvements sociaux et ne parlent que des pacifistes afin de pouvoir les ranger dans la classe bourgeoise. Face à ces tendances souvent diffamatoires, les auteurs de ce volume développent un contre-argumentaire en analysant en détail quelques affirmations présentes dans les écrits de Peter Gelderloos, récemment traduits en français.
Si les anarchistes non-violent-e-s reconnaissent le caractère dominateur et réactionnaire de la violence de l’État, il est alors tout à fait logique d’étendre cette critique à la violence en général. Même s’il y a une différence entre la violence de l’oppresseur et la violence des opprimé-e-s, malgré tout, la violence est en soi un phénomène qui possède sa propre dynamique autoritaire et anti-émancipatrice, quand bien même elle se manifeste comme une contre-violence des opprimé-e-s. C’est pourquoi la critique radicale de la violence est toujours en même temps aussi une critique de la domination et elle est par là ainsi une partie intégrante, absolument nécessaire, de la théorie et de la pratique anarchistes.