RÉGÉNÉRATION n° 34. printemps 2024 : Contre toutes les oppressions, contre toute servitude

éditorial, du n° 34, pour lire le PDF du journal, c’est ici !

Un formidable héritage !

Sous le flux des relations virtuelles qui l’organisent, le monde contemporain souffre d’une vaste accumulation de problèmes, dont les solutions envisagées par les tenants du système qui les produit consistent, pour l’essentiel, en une aberrante fuite en avant.

Des guerres d’Ukraine et de Palestine jusqu’aux Jeux Olympiques, un monstrueux dé- ploiement de technologies dernier cri ne parvient à surpasser l’antique Rome du Panem et circenses que par la médiocrité de pensée, nourrie de stupide suffisance, des classes dirigeantes.

Dépouillés de nos propres existences, nous sommes plusieurs milliards d’êtres humains soumis, et consentants pour beaucoup, à une maigre bande de misérables prédateurs. Celle qui domine, gouverne et exploite en détruisant, pour entretenir des mégalomanies et assouvir ses soifs maladives de puissance assise sur les armes. Au- tant de cons malfaisants qui croient que l’on peut être à force d’avoir.

Les éclats d’or et de diamants de ses colossales fortunes n’y peuvent rien, ce monde est en faillite. Le voici au bord d’un effondrement dont celui de l’ex URSS pourrait bien avoir été le modèle. Mais le prix risque aujourd’hui d’être bien plus élevé. Pour ne pas périr au milieu des ruines, il nous faut anticiper sur la chute. Intensifier ce qui en se manifestant déjà à petite échelle lézarde les fondations, en dépit des artifices gouvernementaux qui tendent à réduire le bas de la pyramide sociale à l’état de troupeau obéissant.

Si, au cours des mouvements sociaux des dernières années, c’est à l’encontre des Gilets jaunes et des oppositions à l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie que la répression s’est montrée la plus féroce, c’est bien parce que le territoire est un enjeu déterminant dans le conflit qui oppose fondamentalement la fraction des propriétaires du monde et les foules dominées, opprimées, dépossédées, enchaînées à l’organisation capitaliste.

Ancrage territorial et action directe sont les caractères essentiels d’une suite qui va des Sans culotte aux Gilets jaunes, en passant par les Bourses du Travail. Nous devons à ces dernières la conceptualisation pratique du syndicalisme révolutionnaire et de la Grève générale. Formidable héritage qu’il est grand temps de réactiver. Pour que le monde futur que nous souhaitons ait quelque chance de voir le jour, il faut commencer à le construire, à l’organiser ici et maintenant !

Salut et Fraternité

Conférences organisées par VOLTAIRINE ET SES AMI.ES à Lorient 56100

En avril ou mai, les Femmes de Plogoff et leur combat anti-nucléaire victorieux, seront à l’honneur

En juin, Marianne ENCKELL viendra probablement tout exprès de Lausanne. Quelques dates  et lieux restent à compléter…

Nous terminerons cette nouvelle saison par la troisième édition de la F3L (Foire aux Livres Libertaires de Lorient), dont nous aimerions qu’elle devienne emblématique.


UN ESPACE ASSOCIATIF AUTOGÉRÉ À LORIENT ? EST-CE POSSIBLE ?

E2A-Lorient

« Esthétiques anarchistes : L’ART ET LE NON-GOUVERNABLE »Appel à contributions Revue Turbulences n° 2 – 2025

Esthétiques Anarchistes

La revue Turbulences lance pour son deuxième numéro un appel à contributions sur la thématique suivante :

« Esthétiques anarchistes : l’art et le non-gouvernable »

Par « anarchisme », on entendra ici le refus général du « préjugé gouvernemental », de l’idée que gouverner et être gouverné soient indispensables et que toute conduite, individuelle ou collective, ait à s’inscrire dans l’asymétrie du commander et de l’obéir. L’hypothèse anarchiste ne se limite pas à soutenir que gouverner équivaut à dominer ou que les dispositifs gouvernementaux ne sont jamais que des masques (institutionnels, sociaux, psychiques) apposés sur des relations de pure violence. Elle soutient plus radicalement que gouverner est tout bonnement impossible. Son projet consiste dès lors à relever les traces d’une telle impossibilité et à les faire s’étendre à des domaines d’action et de pensée toujours plus vastes. L’objet de l’anarchisme est l’impossibilité du gouvernement rendue manifeste et omniprésente.

Dans Au voleur ! Anarchisme et philosophie, Catherine Malabou propose de distinguer entre l’ingouvernable et le non-gouvernable : « L’ingouvernable désigne ce qui échappe au contrôle, comme un véhicule devenu impossible à conduire. Au sens moral et politique, il suggère l’indiscipline et la désobéissance, le refus d’obtempérer. L’ingouvernable est et n’est que le contraire du gouvernable. La non-gouvernabilité quant à elle ne renvoie ni à l’indiscipline, ni à l’errance. Elle n’est pas non plus la désobéissance, mais ce qui, dans les individus comme dans les communautés, demeure radicalement étranger au commandement et à l’obéissance. […] L’ingouvernable est ce qui peut être, soit entendu, soit dominé. Le non-gouvernable ne peut en revanche qu’être dominé. La seule façon de le traiter est de ne pas traiter avec lui, soit en l’ignorant activement, soit en l’opprimant, en l’écrasant, voire en le mettant à mort. Mais le gouverner est définitivement impossible puisqu’il est, encore une fois, la marque de l’impossibilité et de l’échec de tout gouvernement1. »

Si l’ingouvernable se définit par sa résistance et son opposition directes au gouvernement, le non- gouvernable désigne quant à lui une zone d’étrangeté et d’extériorité radicale. En prolongeant cette distinction, on pourrait dire que le non-gouvernable est le lieu de recharge de l’ingouvernable, son assise extra-conflictuelle, sa base arrière : une indifférence et une extériorité au gouvernement si profondes que des gestes concrets de désobéissance et de remise en cause de l’autorité peuvent s’y ressourcer, s’y relancer, s’y assoir positivement. L’ingouvernable ne concerne sans doute que certaines pratiques artistiques et certaines seulement, des pratiques qui par leur mode de production, d’organisation et d’intervention ont d’ores et déjà refusé tout principe de gouvernementalité. En revanche, on pourrait faire l’hypothèse que toute œuvre, si du moins elle doit être autre chose qu’un produit de consommation, de spéculation ou de décoration, a bel et bien affaire à du non-gouvernable, à ce qui dans l’être humain et au-delà demeure irréductiblement étranger à l’être-gouverné. L’objectif principal de ce numéro de la revue Turbulences consisterait alors à relever en art les traces et les manifestations du non- gouvernable, les formes de son déploiement artistique, en les envisageant aussi bien pour elles-mêmes que comme lieux de recharge de l’ingouvernable, comme appelant, ne serait-ce qu’implicitement, à des actes de résistance et de désobéissance concrets.

Modalités de proposition :

La rédaction encourage la diversité des formats et des propositions. Outre les articles universitaires classiques, elle accueille volontiers l’expérimentation artistique sur différents supports (photo, vidéo, son, graphisme, etc.). Les propositions d’articles (5000 signes maximum) sont à adresser à :

 au plus tard le 15 avril 2024. Une réponse sera donnée mi-mai.

Les articles définitifs devront être reçus pour relecture au plus tard le 15 octobre 2024. La publication est prévue pour février 2025.

Comité scientifique :

–  Sara Alonso Gómez

–  Anna Guilló

–  Christophe Longbois-Canil

–  Célio Paillard

–  Frédéric Pouillaude

Renseignements : Frédéric Pouillaude,